Seulement 18 mois en poste et puis s’en va. Ce mercredi, le ministre de l’Intérieur a confirmé la rumeur : le préfet de l’Essonne Bertrand Gaume a été nommé par Emmanuel Macron préfet du Nord et des Hauts-de-France. À 49 ans, cet ancien élève de l’École nationale de l’administration (ENA) va quitter un département dans lequel il a pris ses fonctions en août 2022. Il prend la direction du nord de la France pour succéder à Georges-François Leclerc, nommé directeur de cabinet de Catherine Vautrin, la nouvelle ministre de la Santé, du Travail et des Solidarités.
Le Président de la République a nommé, sur ma proposition, Bertrand Gaume préfet du Nord et préfet des Hauts-de-France. Notre belle région pourra compter sur l’engagement de ce remarquable Préfet qui succède à Georges-Francois Leclerc que je remercie très chaleureusement pour son…
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) January 17, 2024
Ce départ s’accompagne de nombreux messages de félicitations de la part des élus de l’Essonne, déçus de voir partir un préfet « très apprécié ». « Si ce n’était pour les terres de mes aïeux, si ce n’était pour succéder à l’excellent Georges-François Leclerc, je crois que j’en voudrais à Bertrand Gaume de nous quitter si vite », souligne Nicolas Samsoen, le maire (UDI) de Massy.
« On avait encore plein de choses à faire »
« C’est une immense déception, je regrette son départ prématuré, confie le président du conseil départemental, François Durovray (LR). Pour un président de département, le préfet est le premier partenaire. Ce poste est une super promotion, il le mérite. Mais pour faire aboutir les dossiers, nous avons besoin d’un préfet qui reste plus longtemps. On avait encore plein de choses à faire. »
À lire aussiSécurité, rénovation urbaine... les chantiers du nouveau préfet Bertrand Gaume en Essonne
Robin Reda, député (Renaissance) de la 7e circonscription de l’Essonne, salue « un remarquable préfet qui va profondément manquer à l’Essonne », tandis que la sénatrice (UDI) Jocelyne Guidez le remercie pour « son action au service des territoires essonniens empreinte d’un grand professionnalisme, d’humanisme et d’humour ».
À gauche, le maire PCF de Grigny, Philippe Rio, gardera le souvenir d’un homme « qui a l’intelligence d’appliquer des mesures nationales tout en comprenant les logiques locales ». « Grigny est un sujet national au cœur de l’Essonne, poursuit-il. Bertrand Gaume s’est impliqué à 100 % dans quatre dossiers essentiels pour la ville : la sécurité, l’opération de requalification des copropriétés dégradées (Orcod), la rénovation urbaine et les finances publiques. » Même son de cloche de la part de David Ros, sénateur (socialiste), qui félicite Bertrand Gaume pour « sa promotion de préfet de région, compte tenu de ses hautes compétences » tout en étant « en même temps, triste de voir partir un serviteur de l’État toujours disponible ».
Fils d’un cheminot et d’une femme de ménage
Dès son arrivée, Bertrand Gaume, fils d’un père cheminot et d’une mère femme de ménage, a eu à cœur de s’imprégner du territoire et noué des relations solides avec les élus de tout bord. Il a également contribué à résoudre en partie une problématique entre des agriculteurs du plateau de Saclay et la Société du Grand Paris, qui construit la ligne 18 du futur métro, au sujet du passage des engins agricoles.
Briis-sous-Forges, le 10 janvier 2024. Le préfet de l'Essonne (avec un dossier bleu) a visité de nombreux sites, comme ici le centre hospitalier de Bligny, pour comprendre les enjeux de l'Essonne. LP/Cécile Chevallier
« L’annonce de l’arrivée d’un nouveau préfet est souvent vécue par les maires comme un risque qui s’apparente aux jeux de hasard, confie Francisque Vigouroux, maire (Horizons) d’Igny et président de l’Union des maires de l’Essonne. Mais l’installation de Bertrand Gaume s’est révélée comme le sentiment d’avoir gagné le meilleur préfet de France. »
Francisque Vigouroux poursuit : « Bertrand Gaume incarne ce que doit être le couple maire-préfet. Il montre que quand l’État veut travailler en confiance avec les collectivités, il peut le faire. Il aime les territoires et ça se voit. Il ne dissimule pas son goût pour le terrain afin de comprendre ce qui marche, ce qui ne marche pas. Il a un côté préfet de province à l’ancienne qui retrousse les manches et cherche des solutions avec les élus. Il est très regrettable que le gouvernement fasse partir un tel talent en moins de deux ans. »