« Ça fait plus d’une heure qu’on attend là. Il y en a ras le bol ! » Dans la file d’attente embouteillée du passage de frontière, au terminal 2E de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, un passager perd ses nerfs, ce jeudi matin, vers 9h30. Des Parisiennes en partance pour Saint-Martin, lui emboîtent le pas. « D’habitude, ce contrôle prend à peine 15 minutes », râlent-elles.
À l’origine de ce bouchon aux frontières, un mouvement de grogne d’Alliance Police Nationale. Le syndicat policier majoritaire des gardiens de la paix a appelé ses adhérents des aéroports parisiens, policiers et administratifs, à ralentir dès ce jeudi matin le flux de passagers aux frontières, aux départs et aux arrivées des deux aéroports parisiens. Une opération ciblée lancée dans le cadre du « Jeudi noir » des forces de l’ordre, à l’appel des trois principales organisations de défense des gardiens de la paix – Alliance, Unité SGP Police et Unsa-Police - pour réclamer des mesures « exceptionnelles » pendant la période des Jeux olympiques, en contrepartie de leur mobilisation pour sécuriser l’événement. Car le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a demandé en décembre une « mobilisation à 100 % » des agents pendant les épreuves sportives.
Une prime spéciale demandée
Parmi les principales revendications des syndicats de policiers : des garanties sur les droits aux congés d’été, des primes pour tous les agents jusqu’à 2000 euros et un accompagnement social, en particulier sur la garde d’enfant en cette période de vacances d’été. « Nous demandons que les forces de l’ordre, qui sont mobilisées à flux tendu pour faire face à ces obligations sans précédent, soient considérées. Ne pas le faire serait un pari perdu d’avance. Les JO ne pourront être réussis sans une sécurité optimale, qui sera l’une des vitrines de la France. Mais cette sécurité a un prix », résume Renaud Mazoyer, le coordonnateur des aéroports de Paris à Alliance.
Les terminaux 1 et 2F – dédié aux correspondances et à la zone Schengen - ont eux aussi été touchés par ce mouvement de grogne. L’engorgement des accès aux frontières aux arrivées du terminal 2E était si important – près de 3 heures d’attente vers 10h30 selon le syndicat – que le Groupe Aéroport de Paris (ADP) aurait été contraint d’ouvrir un circuit de délestage. Le tout, alors que les vols étaient moins nombreux ce jeudi, en raison des intempéries et d’un changement de logiciel à la tour de contrôle. À Orly, jusqu’à 1h30 d’attente a été relevée aux arrivées des terminaux 3 et 4 ce jeudi matin, selon Alliance. Contacté, ADP n’avait pas, à l’heure où nous écrivons ces lignes, donné suite à nos sollicitations.
Au terminal 4 de l'aéroport d'Orly, ce jeudi matin, près d'1h30 d'attente aurait été relevée au passage des frontières. DR
Il ne s’agit pas d’une grève du zèle, selon le syndicat, mais d’un simple ralentissement du flux de passagers. « Nous avons demandé aux policiers et administratifs de contrôler plus scrupuleusement les passeports. Ni plus, ni moins », précise Aurélia Mercier, responsable Roissy à Alliance. « Les passagers doivent bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’un caprice de notre part. Les policiers n’en peuvent plus. »
Source principale des inquiétudes des agents affectés aux aéroports, les baisses constantes d’effectif depuis plusieurs années. « Comment assurer nos missions dans ces conditions pendant les JO ? », s’alarme Kevin Guyennot, délégué syndical à Alliance Roissy. « Nous venons d’initier notre Jeudi noir. La prochaine fois, le mouvement s’intensifiera, et pourra engendrer des blocages », prévient encore Renaud Mazoyer.