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Covid-19 : le nombre de décès quotidiens, cette statistique «oubliée»

2021-04-15T04:41:28.820Z


Plus de 300 décès sont recensés chaque jour, en moyenne, et la barre des 100 000 morts depuis le début de l’épidémie est en passe d’être fra L’image frappe. Pas une semaine ne passe sans qu’elle ne soit évoquée. « Aujourd’hui, en France, c’est l’équivalent d’un avion de ligne qui s’écrase tous les jours et le problème, c’est que ça ne choque plus personne », nous disait début février l’épidémiologiste Philippe Amouyel. « Il y a un choix de société, qui est un choix politique, qui est d’accepter que l’on ait chaque jour un Boeing qui s’


L’image frappe. Pas une semaine ne passe sans qu’elle ne soit évoquée. « Aujourd’hui, en France, c’est l’équivalent d’un avion de ligne qui s’écrase tous les jours et le problème, c’est que ça ne choque plus personne », nous disait début février l’épidémiologiste Philippe Amouyel. « Il y a un choix de société, qui est un choix politique, qui est d’accepter que l’on ait chaque jour un Boeing qui s’écrase », regrettait en écho ce mardi matin sur RMC et BFMTV l’infectiologue Gilles Pialoux.

Ces scientifiques ou médecins, en première ligne face à l’épidémie de Covid-19, font allusion au nombre de victimes recensées chaque jour. Rien qu’à l’hôpital, la barre des 300 décès quotidiens (en moyenne sur la semaine écoulée) a été de nouveau franchie ce lundi. Cela n’était plus arrivé depuis la fin du mois de novembre. La mortalité en Ehpad a très fortement diminué grâce à la vaccination, passant de plus de 100 à moins de 10 morts par jour. Cela complète ce triste bilan quotidien de plus de 300 « vies perdues, familles endeuillées, traumatisées, pour qui la guérison prendra énormément de temps », tient à rappeler Hélène Rossinot, médecin en santé publique.

Les décès absents de TousAntiCovid

Force est de reconnaître que cet indicateur n’est plus tellement mis en avant, que ce soit dans les médias ou les politiques. Parmi la grande famille des outils de suivi de l’épidémie, le nombre de patients en soins critiques, le taux d’incidence et les nouveaux cas quotidiens sont le plus souvent évoqués. Le 24 novembre dernier, quand Emmanuel Macron avait annoncé deux critères pour déconfiner, il s’agissait d’ailleurs de 5 000 cas quotidiens et moins de 3 000 patients en soins critiques maximum. L’exécutif préfère désormais parler de « familles endeuillées », plutôt que de décès « bruts ».

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Qu’il semble loin le printemps 2020, lorsque le Directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, égrainait chaque soir en conférence de presse le nombre de nouveaux décès depuis la veille. « Au début, on était dans la métaphore de la guerre, de la résistance, face à un virus qui nous envahirait. Ces images-là ne sont plus du tout présentes aujourd’hui, je pense que les pouvoirs publics n’ont pas voulu rester dans une société mortifère », avance la chercheuse Gaëlle Clavandier, autrice de « Sociologie de la mort » et actuellement en quête pour ses travaux de témoignages de Franciliens endeuillés.

« Malheureusement, cet indicateur a été complètement oublié. Il y a un certain relativisme qui s’est installé ces derniers mois. Avant, on ressentait beaucoup de compassion. Maintenant il y a aussi beaucoup de tentatives de comparaisons avec d’autres pathologies, de rationalisation de cette réalité. Peut-être est-ce pour se rassurer, pour rendre plus acceptable l’inacceptable. Peut-être aussi qu’un ras-le-bol s’exprime par un rejet de cette réalité », avance de son côté Hélène Rossinot. Le Conseil scientifique lui-même, dans son dernier avis du 11 mars, évoque une « lassitude [qui] a gagné nos concitoyens et nos soignants ». « Une certaine indifférence face aux chiffres des décès s’installe », estimaient ces experts chargés de conseiller le gouvernement. Faut-il y voir un signe ? Parmi la quinzaine d’indicateurs figurant sur l’application TousAntiCovid, le nombre de décès quotidiens est introuvable. « Il n’y a aucune volonté de cacher, tous ces chiffres sont connus et communiqués chaque jour par Santé publique France », rappelle une source gouvernementale, surprise comme nous en ouvrant « TAC ».

« Personne ne peut s’habituer à ces morts-là, de même qu’on ne s’habitue pas aux déprogrammations de patients ou à la faim dans le monde. Mais cela ne révèle pas forcément de l’insensibilité ou de l’indifférence, de même lorsqu’on perd un proche et qu’on apprend à gérer nos émotions », complète en écho la médecin Alice Desbiolles, autrice de « L’éco-anxiété, vivre sereinement dans un monde abîmé ».

440 morts du cancer par jour

La situation aurait pourquoi de quoi émouvoir, même si une partie des victimes « seraient de toute façon décédées » d’un autre motif, d’après une étude de l’Ined. Symboliquement, le seuil des 100 000 décès devrait être atteint ce jeudi soir - le nombre exact est sans doute supérieur mais très compliqué à établir précisément. Plus de deux tiers de ces victimes ont perdu la vie ces six derniers mois, depuis le début de la « deuxième vague ».

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Le bilan total n’est cependant pas aussi lourd que celui du cancer, première cause de mortalité en France avec 160 000 morts par an, soit 440 par jour. « Je ne sais pas si le parallèle peut être fait. On connaît les pathologies liées au cancer, on arrive à les soigner dans certains cas. Là, on fait face à une pandémie infectieuse survenue de façon très brutale et qui continue d’être particulièrement meurtrière », développe Alice Desbiolles. Le démographe Hervé Le Bras insiste sur le fait qu’ « on connaît mieux la maladie, on sait que des vaccins sont arrivés, et cela nous rassure ». Cela pourrait d’ailleurs, d’après lui, être l’une des raisons pouvant expliquer l’indifférence qui s’installe. « Lors de la première vague, on était tous dans l’angoisse. On s’est à présent habitué, peut-être par fatalité, à ne plus ressentir une menace aussi forte qu’il y a un an », argumente-t-il.

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Les victimes du Covid, dont les visages ne font pas souvent la une de l’actualité, devraient avoir droit à un hommage… a posteriori. La maire de Paris, Anne Hidalgo, par exemple, a annoncé ce mardi qu’elle souhaitait « construire un lieu de mémoire active » dans la capitale, sans apporter de précisions sur la forme que qu’un tel projet pourrait prendre. « Évidemment qu’il y aura un temps d’hommage, de deuil pour les familles des victimes », a assuré le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, ce mercredi midi. Mais il est « trop tôt » pour se projeter vers la forme que cela pourrait prendre, avance l’exécutif. D’après nos informations, confirmant celles de RTL, un premier hommage présidentiel est déjà prévu à l’occasion du passage de la barre des 100 000 décès.

Source: leparis

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