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Son niveau de détection est fiable à 96% : rien n’échappe au flair de la chienne Newt

2021-04-11T06:49:33.040Z


Cette chienne, championne du repérage des traces de loups, est arrivée à Port-Cros (Var) en renfort des agents du parc national. Grâce à son Le mistral souffle fort ce mardi matin sur l'archipel des îles d'Or baigné de soleil. Les palmiers ploient sous la force du vent, et les rafales à 70 km/h ont levé une mer houleuse qui blanchit d'écume. Un décor de carte postale pour les quelques randonneurs venus découvrir, loin de la foule estivale, les sentiers sauvages de Port-Cros (Var). Pour Fabrice Roda et sa chienne, Newt, ce mistral n'es


Le mistral souffle fort ce mardi matin sur l'archipel des îles d'Or baigné de soleil. Les palmiers ploient sous la force du vent, et les rafales à 70 km/h ont levé une mer houleuse qui blanchit d'écume. Un décor de carte postale pour les quelques randonneurs venus découvrir, loin de la foule estivale, les sentiers sauvages de Port-Cros (Var).

Pour Fabrice Roda et sa chienne, Newt, ce mistral n'est pas vraiment une bonne nouvelle. « Trop de vent rend le travail plus pénible pour elle car cela contribue à diffuser les odeurs », explique-t-il en posant un regard complice sur son berger belge malinois qui ne le lâche pas des yeux.

Les odeurs, c'est la grande passion de cette chienne de détection au don exceptionnel. Elle est arrivée en janvier 2019, avec son maître, en renfort des agents du parc national. Il y a deux ans, ces « policiers de l'environnement » avaient capté, grâce à un piège photographique, un cliché permettant d' identifier un loup dans le secteur du cap Lardier (Var), au sud de la presqu'île de Saint-Tropez. La même zone où, dans les années 1920, des battues aux loups étaient organisées. Les excréments trouvés par Newt ont permis de confirmer, après analyses génétiques, la présence sur place d'un seul prédateur mâle.

Un odorat exceptionnel

Avant d'arriver sur l'île, la jeune malinoise au nez précieux pistait les traces de canidés pour l'Office français de la biodiversité. Un agent à quatre pattes devenu essentiel pour l'Etat qui tente de recenser chaque année le plus précisément possible la population de loups en France et fait le décompte des prédations causées par l'animal. Si l'espèce sauvage est protégée, les agents assermentés peuvent, en cas d'attaques répétées sur des troupeaux, en éliminer quelques-uns lors de « tirs de prélèvement ». Le quota, strictement établi en fonction de la population totale de canidés, est limité. D'où l'importance d'avoir un recensement à jour. Aujourd'hui, la France compte près de 80 meutes, soit environ 580 loups.

« Newt a réussi à trouver quatorze fois plus d'indices de présence de loups en deux jours de travail qu'une dizaine d'agents en un an, nous explique avec fierté Fabrice, depuis le bureau du parc situé à l'arrivée du débarcadère. On estime qu'elle a ainsi permis d'économiser 100 000 à 200 000 euros par an si l'on prend en compte le temps passé par les agents à effectuer des recherches similaires sur le terrain. »

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La chienne a un flair si poussé que son niveau de détection est fiable à 96 %. « Soit le plus bas taux d'erreur de tous les chiens de détection selon la littérature internationale », s'enorgueillit Fabrice. Alors qu'il existe déjà en France des chiens renifleurs d'insectes, l'agent du parc national rêve de former son berger à reconnaître des traces de reptiles, de tortues et même… de dauphins.

Le dresseur et sa chienne, un véritable couple

Fabrice Roda, employé du parc national de Port Cros (Var), et Newt, sa chienne malinoise./LP/Patrick Gherdoussi  

Ce talent hors pair vient de valoir à Newt d'être citée dans une revue scientifique de renom. « C'est une fierté pour nous d'avoir ce couple ici… Heu, je veux dire ce binôme », nous glisse dans un sourire le chef de secteur des agents du parc.

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Fabrice en rougit car, même s'il est marié et père de deux ados, c'est bien un couple qu'il forme avec cette chienne qui n'avait que 2 mois lorsqu'il l'a récupérée. Newton des Gardiens de Cendrillon, du nom de son élevage, a fêté fin février ses 4 ans et a déjà sillonné les forêts de la Lozère, les zones escarpées de la Drôme, des Alpes-Maritimes, du Gard et des Bouches-du-Rhône pour y repérer des traces de loups.

Dans l'ancien pays du Gévaudan, Newt a permis de découvrir la présence d'un loup issu d'une lignée d'Europe de l'Est. Une vraie curiosité en France où la grande majorité est de souche italienne.

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Quatre ans que Fabrice lui apprend à repérer des odeurs suivant les mêmes méthodes que les chiens de la gendarmerie nationale capables de détecter des personnes disparues, des armes, de la poudre ou des restes humains. Newt est sans doute issue d'une famille de fins limiers car l'un de ses frères, issu de la même portée qu'elle, est devenu… gendarme.

Une balle comme récompense

Une fois que Newt a repéré une odeur, son dresseur lui lance une balle, ce qu’elle adore./LP/Patrick Gherdoussi  

Pour éduquer sa malinoise à reconnaître les traces de certains animaux, Fabrice la fait jouer tous les jours à trouver des indices grâce à des boîtes à odeur. Lorsqu'elle y parvient, la chienne est récompensée en récupérant son jouet : une balle que son maître garde toujours sur lui dans la poche de son pantalon.

« Elle n'a que ça en tête, nous explique-t-il en montrant l'objet. Quand je vais la sortir et lui mettre son harnais pour travailler, vous verrez comme elle sera surexcitée. » Il n'a pas menti. Harnachée pour aller dénicher des odeurs de loups, Newt ne tient plus en place.

Réminiscence de l'époque où elle traquait l'animal sur le continent, la malinoise est équipée d'un grelot. « Je n'avais pas envie qu'un chasseur lui tire dessus », explique Fabrice. Pas envie non plus que sa chienne tombe nez à nez avec un loup : « C'est un animal capable de tuer à lui seul un cerf de 200 kg et qui mord plus fort qu'un pitbull. Si un loup croise Newt, il la tuera. »

A Port-Cros, il n'y a aucune raison qu'elle croise le prédateur qui n'y est pas présent. Tout juste peut-elle flairer les dizaines de sangliers ayant afflué sur place en 2017 après les incendies qui ont ravagé le littoral. Pour fuir les flammes, les cochons sauvages ont sauté à l'eau et sont venus se réfugier sur l'île en parcourant à la nage les 15 km qui séparent la réserve naturelle de la côte varoise!

Une crotte de loup dans le sac à dos

Pour entraîner sa chienne, le dresseur emmène avec lui des excréments d’animaux (ici de sanglier). /LP/Patrick Gherdoussi  

Pour nous démontrer le talent de sa chienne, Fabrice décide de nous emmener en 4 x 4 au cœur de l'île sur des sentiers qui sentent bon la garrigue. Bonne nouvelle, le vent s'est calmé. « Les excréments sont un point d'émission d'odeurs pour la chienne, et une petite brise, c'est l'idéal pour capter une crotte de loup à 100 m, explique le garde du parc national. En dessous de 0 °C, les odeurs se diffusent mal. La pluie, elle, tasse les odeurs au sol. »

Météosensible, Newt a, malgré les caprices du temps, un talent inné pour reconnaître le fumet caractéristique des étrons de loups. Même lorsqu'ils sont à peine décongelés. Cela tombe bien car, dans sa poche, Fabrice garde précieusement deux tubes à essai dans lesquels il a introduit des petites boules noires odorantes conservées jusqu'ici au frais. « Je me balade toujours avec une crotte de loup dans le sac à dos pour faire jouer la chienne », plaisante-t-il. On sourit à notre tour quand il nous confesse avoir remisé à l'intérieur de son congélateur… 50 kg de déjections animales.

Au sommet d'une colline, d'où l'on distingue au loin l'île de Porquerolles, le maître met pied à terre puis va déposer sur un chemin ombragé trois petites crottes, pas plus grosses que des cailloux. Impossible à distinguer de loin, à l'œil nu. Quand Fabrice lâche la chienne, le miracle se produit. Zigzaguant sur le sentier, la truffe pointée nez au vent, Newt met à peine deux minutes pour marquer l'arrêt devant les deux petites boules noires. Elle remue la queue, se couche juste devant puis aboie. Fabrice, gonflé d'orgueil, accourt pour la récompenser. « Oui, c'est bien, bravo », lui glisse-t-il à l'oreille en la caressant puis en lui lançant son jouet en guise de cadeau.

Bientôt formée à la détection d'orques et de dauphins?

Sur l'une des pierres du chemin, profitant des premières chaleurs printanières, un petit lézard s'échappe sans susciter le moindre intérêt de la chienne. Elle sera pourtant bientôt formée à détecter les crottes d'un reptile que l'on croise de plus en plus à Port-Cros : la tarente de Maurétanie. Un petit gecko considéré ici comme une espèce invasive car il entre en compétition avec un de ses cousins, endémiques de l'île. Quand les geckos sortiront de leur période d'hibernation, Fabrice entraînera donc Newt à reconnaître les traces de ce petit envahisseur, sans doute arrivé à Port-Cros à l'intérieur de parpaings ou de matériaux de construction livrés sur l'île par bateau.

Si la chienne a vocation à passer quelques années au cœur du parc national, c'est aussi parce qu'elle va être formée à détecter la présence de la tortue d'Hermann, une espèce présente à l'état sauvage dans le Var. Une population a élu domicile sur les îles d'Or, et Newt participera à en faire l'inventaire. « Lorsqu'elles sont cachées sous un tas de feuilles mortes, il est impossible de les distinguer, explique Fabrice. On estime qu'un chien de détection trouve sept fois plus de tortues qu'un humain. »

Fabrice emmène Newt en mer pour l’habituer au bateau./LP/Patrick Gherdoussi  

Mais le grand projet dont rêve Fabrice est encore plus fou. Et pour nous l'expliquer, il nous embarque avec sa chienne sur l'un des bateaux du parc national. Car les agents ont ici, entre autres missions, la charge de répertorier aussi les nombreuses espèces marines qui s'épanouissent au cœur de la réserve.

« Aux Etats-Unis, ils ont réussi à former des chiens à la détection d'orques et de dauphins à partir d'excréments laissés en surface par les cétacés, explique l'agent du parc. Les chiens sont placés à l'avant du bateau, et une fois qu'ils ont senti des traces, ils indiquent avec leur truffe la direction à prendre. »

VIDÉO. En Corse, des chiens détectent l'odeur du Covid-19 dans la sueur

Ce jour-là, Newt paraît un peu perdue à bord, ne lâche pas d'une semelle son maître et semble se demander s'il y a vraiment moyen de jouer… en pleine mer. Fabrice, lui, n'en a aucun doute. Il a déjà récupéré dans sa collection de crottes des excréments de cétacés. Et se souvient avoir lu qu'aux Etats-Unis, un chien était capable de reconnaître pas moins de 17 odeurs différentes. Depuis peu, des animaux ont aussi été entraînés à détecter des cancers ou la présence du Covid-19.

Lui-même s'est amusé à former sa malinoise à la détection des truffes. Reste un obstacle à lever pour que l'ancien berger traqueur de loups prenne goût à repérer aussi les mammifères en mer. Fabrice sait qu'il va falloir lui apprendre à avoir le pied marin. Car pour l'instant, Newt n'aime pas l'eau.

Source: leparis

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