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«Parfois, je perds espoir» : la quête interminable d’un frère, 19 ans après la mort de Jacky

2021-04-09T11:22:59.694Z


Appels à témoins, évocation de l’affaire sur les plateaux télé… Dany Hecquet n'a de cesse de retrouver ceux qui lui ont enlevé Jacky. L’aîné « Il ne devrait pas être là… » Devant la tombe de son frère recouverte de plaques funéraires dans le petit cimetière de Ferrières (Oise), Dany Hecquet n'en finit pas de chercher comment et par qui Jacky, l'aîné de la fratrie, a brutalement perdu la vie il y a maintenant dix-neuf ans. Le 1er février 2002, Jacky travaille sur son chantier à Viarmes lorsque deux hommes montent dans son camion qu'ils


« Il ne devrait pas être là… » Devant la tombe de son frère recouverte de plaques funéraires dans le petit cimetière de Ferrières (Oise), Dany Hecquet n'en finit pas de chercher comment et par qui Jacky, l'aîné de la fratrie, a brutalement perdu la vie il y a maintenant dix-neuf ans.

Le 1er février 2002, Jacky travaille sur son chantier à Viarmes lorsque deux hommes montent dans son camion qu'ils font démarrer pour le voler. L'artisan les aperçoit, fonce et se cramponne à la portière. Le conducteur freine brutalement pour lui faire lâcher prise. Projeté en avant, Jacky tombe devant les roues de l'Iveco, qui lui passe sur le corps et disparaît.

L'enquête relancée en 2017

La camionnette sera retrouvée quelques minutes plus tard, abandonnée, moteur tournant, à l'entrée de la forêt de Carnelle, à Saint-Martin-du-Tertre. La projeteuse toujours attelée. Le téléphone portable et la sacoche de Jacky posés sur les sièges. Le plan Epervier déclenché par les gendarmes, les barrages sur les routes, l'hélicoptère n'ont pas permis de retrouver les fuyards. Jacky Hecquet avait 38 ans et il était père de deux enfants.

Jacky Hecquet avait 38 ans et était père de deux enfants. DR  

L'enquête, confiée à la section de recherche de Versailles, relancée en 2017 par le procureur de Pontoise désireux de « sortir » les cold-cases du Val-d'Oise, n'a pas permis d'identifier les suspects. Pendant toutes ces années, Dany Hecquet, inconsolable, s'est investi sans retenue pour tenter de trouver le témoignage ou l'élément nouveau décisif qui permettraient de remonter jusqu'aux deux hommes.

«Il n'est pas possible que personne n'ait rien vu»

« Je suis persuadé que des gens savent quelque chose. Il n'est pas possible que personne n'ait rien vu, en plein jour », confie ce père de famille qui, tous les trois ou quatre ans, diffuse des affiches dans Viarmes et aux alentours comme autant d'appels à témoins avec les portraits-robots des suspects.

Il continue aussi à fréquenter les plateaux de télévision pour évoquer son affaire, espérant toujours convaincre un éventuel témoin resté silencieux. « Et s'il faut refaire des affiches, les placarder, je le referai. »

Une lettre anonyme avec deux surnoms

Pas question de lâcher prise. « Il y a des choses qui ne sont pas claires dans ce dossier. Il faut le reprendre », estime Dany qui parcourt sans relâche les quelques pièces du dossier qu'il détient. « Je fouille dans les dépositions pour voir si je ne trouve pas quelque chose. Une passante a vu un des deux hommes s'allonger sous le volant alors que les clés étaient sur le camion. Cela veut peut-être dire quelque chose. »

Il y a aussi cette lettre anonyme qu'il a reçue en 2011, qui donne les surnoms de deux personnes pouvant être à l'origine de la mort de Jacky. « Elle est écrite en majuscule, pour que l'on ne reconnaisse pas l'écriture et elle a été postée dans le Pas-de-Calais, à Warlus. Mais cela n'a rien donné… »

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Dany échafaude des hypothèses, comme celle du vol de la projeteuse comme mobile. « Mon frère s'en était fait voler une première, déjà à Viarmes, au mois de novembre précédent. C'était la seconde. Elle valait des milliers d'euros. »

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Pour lui, l'enquête est mal partie. « Les nouveaux enquêteurs tentent bien de retrouver les gens. Mais le temps est passé. L'apprenti de 15 ans, qui était à côté de mon frère lorsque cela s'est passé, n'a été retrouvé qu'en 2018… Comment se souvenir après tout ce temps ? Je ne sais pas si cela a permis d'avancer… » poursuit-il, imaginant que les deux hommes n'ont pas voulu la mort de son frère, qu'ils ont paniqué.

Il vient de se constituer partie civile pour avoir accès au dossier

Pour avoir accès à l'enquête, prendre connaissance du dossier, Dany Hecquet a décidé, la semaine dernière, de se constituer enfin partie civile sur les conseils d'une association de victimes, envisageant de prendre un avocat spécialisé dans les cold-cases. Mais, avec le temps, à 54 ans, l'espoir suscité par la réouverture du dossier s'estompe.

« Maintenant, parfois, je perds espoir, reconnaît-il. Je me dis qu'il faudrait que je passe à autre chose ou que je fasse une pause. » Il ne s'y résout pas. « Mes frères et sœurs me disent qu'il faut que j'arrête. Mais je ne peux pas. Arrêter, cela voudrait dire que j'accepte. Quand j'en parle, Jacky vit encore un peu… Je me dis de temps en temps que c'est Jacky qui me pousse à continuer. Cela fait dix-neuf ans que les gens qui ont fait cela vivent normalement… »

Son implication n'est pas toujours jugée raisonnable. « A côté, il y a une vie quand même… Il est passé à côté de beaucoup de choses… » confie sa conjointe. Son fils l'écoute cependant parler d'un oncle pêcheur et chasseur qu'il aurait aimé connaître, et qui « lui manque ».

«On ne donne pas assez de moyens pour les enquêtes»

Dany Hecquet aimerait que davantage d'attention soit portée aux dossiers comme le sien. « Il devrait y avoir une cellule cold-cases, des enquêteurs spécialisés », poursuit-il, en évoquant les conclusions d'un rapport remis il y a un mois au garde des Sceaux. Il préconise 26 mesures pour améliorer le traitement des affaires non résolues afin de « créer une véritable culture du cold-case au sein de l'institution judiciaire », en créant un « bureau des enquêtes criminelles cold-case » dans chaque cour d'appel.

« Quand l'affaire d'Auvers-sur-Oise est sortie, poursuit Dany Hecquet, (NDLR : Katell Berrehouc, 19 ans avait été tuée en mai 1995, un suspect retrouvé 23 ans plus tard par son ADN ) j'y ai vu un signe. Je me disais qu'on voyait le bout. Mais je crois qu'on ne donne pas assez de moyens pour les enquêtes. »

Il n'y a plus une place de libre pour poser une nouvelle plaque sur la tombe de Jacky Hecquet, devant laquelle se recueille une nouvelle fois Dany. « J'ai réussi à trouver une place pour mettre notre père à côté. Il est mort un an après mon frère. Je crois que ça l'a tué. C'est moi qui lui avais annoncé. »

Les personnes pouvant apporter leur concours peuvent contacter Dany Hecquet au 06.14.88.81.75 ou par mail à danyhecquet@sfr.fr.

Source: leparis

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