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Sous Terre ou le grouillant et infernal monde souterrain

2021-04-10T06:19:32.202Z


LA CASE BD - Après la physique quantique, Mathieu Burniat explore le monde du sous-sol essentiel à la survie de l'humanité. Une savoureuse vulgarisation scientifique, qui se lit comme un palpitant récit d'aventures.


Vers gluants, bactéries, acariens, champignons... Une myriade de joyeusetés compose le cadre des aventures de Suzanne. Du haut de ses seize printemps, l'adolescente va descendre plus bas que terre. Tout commence par une étrange annonce: «Vous rêvez d'être immortel, de posséder d'incommensurables richesses et de régner en maître sur un territoire aussi vaste que les cinq continents? Hadès, dieu des enfers, cherche une remplaçante. Se présenter à la porte A23 du monde des morts».

Accueillie par Hadès en personne avec de nombreux autres postulants, Suzanne réduite à la taille de cinq millimètres se lance dans une série d'épreuves 150 mètres sous terre, accompagnée de Tom, un jeune garçon qui craint par-dessus tout... la saleté. Un nouveau monde s'ouvre sous ses pieds. Un monde peu ragoûtant qui va révéler, au fil de défis aussi instructifs que périlleux, tous ses trésors.

«Je voulais m'emparer d'un sujet qui n'avait pas tellement été abordé, explique Mathieu Burniat. Le sol est un monde invisible difficilement observable, composé d'êtres microscopiques où il se passe plein d'interactions et d'échanges influençant notre vie.»

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Composé comme un récit d'aventures, ponctué d'intermèdes didactiques, l'album plonge le lecteur dans une strate de notre biodiversité fascinante. Essentiel à notre survie, le monde souterrain, souvent assimilé au monde des morts, régule le cycle de l'eau, alimente les plantes et fabrique une partie de notre atmosphère.

Le lecteur happé par la narration y apprend également que la violence fait partie intégrante de la nature. Et l'auteur n'a pas lésiné sur les moyens pour en rendre compte: «Le sol est le milieu où il y a le plus de tueries de masses à la seconde. Il renferme 75 % de la biodiversité avec de tout petits êtres. C'est une lutte permanente pour la survie. Je voulais retranscrire dans la BD cette dimension violente sans être cruel pour autant, c'est juste le cycle de la vie qui est comme ça dans le sol. Des dizaines de milliards de bactéries se font manger tous les jours dans un mètre de terre.»

Malgré tout, appuyé par le scientifique Marc-André Selosse et un graphisme dynamique, l'ouvrage tend à mettre en lumière la dimension vitale de cet environnement: «Il y a plus de vie dans une cuillère à café de terre, que d'humains sur la planète» souligne l'auteur. Et chaque bestiole, aussi microscopique soit-elle y trouve un rôle à sa hauteur.

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La case BD: décryptage de Mathieu Burniat

«Pour l'album, je me suis inspiré d'un des films de mon enfance Chéri, j'ai rétréci les gosses» Dargaud/ Mathieu Burniat

«Cette planche regroupe les principaux ressorts de la mise en scène de cette aventure. Les touches d'humour, le traitement quasi caricatural des expressions des personnages et l'action s'entremêlent au contenu didactique. Autant d'ingrédients qui confèrent au récit vitalité et dynamisme.

La séquence présente les deux personnages principaux, Suzanne et Tom dans une situation hasardeuse. Au niveau du cadrage, je me suis amusé à faire sortir l'héroïne de la case pour diriger le regard du lecteur. Tom capturé par un pseudo-scorpion qui est sur le point de lui déverser des sucs digestifs pour le dévorer, souffre de mysophobie, se manifestant par la peur irrationnelle de la saleté. Cela m'a permis d'attribuer au jeune personnage une mimique extravagante, à la limite du grotesque, reflet de sa phobie profonde.

Ces expressions excessives participent à l'humour que j'insuffle par touches régulières dans l'album pour le rendre plus distrayant. Elles permettent également de se passer du texte. En BD il faut alléger le texte au maximum afin de ne pas nuire à la fluidité du récit. L'album explore le rapport entre l'humanité et la nature essentiellement par les émotions. Le dégoût qu'éprouve Tom traduit le sentiment prédominant des humains face au sol, peu ragoûtant avec sa myriade de bactéries et de bêtes minuscules.

Pour la partie didactique, j'intègre toujours Hadès, le dieu des enfers, sous forme de petit personnage informatique. Il est complètement dénué d'émotion et apprend de manière très simple la nature du pseudo-scorpion. J'ai eu recours à ce personnage, pour donner un visage humain au monde souterrain. Également dieu du sol, il est avec Déméter, l'une des représentations de la fertilité, donc tout indiqué pour parler de sa valeur essentielle à la survie de l'humanité.

En bande dessinée, la vulgarisation passe aussi et surtout par le dessin. Mon graphisme, assez cartoon, s'inspire du manga et plus particulièrement de Shigeru Mizuki. Je lui ai emprunté ses traits minimaux pour camper mes personnages, et sa manière de les intégrer dans des décors plus fouillés. Mes protagonistes tout de blanc vêtus, se démarquent du pseudo-scorpion plus détaillé ainsi que de la terre grouillante de petits êtres. Ils ressortent plus clairs que le fond, attirant ainsi le regard du lecteur.»

Sous terre, Mathieu Burniat, Dargaud, 19,99 euros.

Source: lefigaro

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