La mairie écologiste de Lyon a annoncé mardi que la viande serait réintroduite partiellement dans les cantines scolaires à partir du 26 avril, après une polémique récente sur le recours à un menu unique face aux contraintes sanitaires.
«Nous n'avons encore aucune visibilité sur ce que sera le protocole sanitaire à la rentrée», a souligné l'adjointe à l'Éducation, Stéphanie Léger, lors d'une visioconférence de presse. «Mais cette fois, nous avons eu le temps de travailler à une proposition de plat chaud avec viande qui sera faite de façon régulière, tous les cinq repas en moyenne», a ajouté l'élue.
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Ce menu carné ne comportera pas d'entrée afin de gagner le temps nécessaire pour faire manger tous les enfants, a précisé l'élue, expliquant que le recours à un menu unique, après les congés de février, avait permis de dégager 10 minutes par service et d'en assurer un de plus, ainsi, dans certains établissements.
Le menu sans viande «moins excluant»
Cette solution avait été retenue face à un nouveau protocole sanitaire imposant deux mètres de distanciation à la cantine entre les groupes de classe, ce qui empêchait de faire manger en même temps autant d'enfants qu'à l'ordinaire.
La mairie avait considéré qu'un menu unique sans viande, mais incluant œufs ou poisson, était «le moins excluant» pour les élèves compte tenu de leurs habitudes alimentaires, gustatives ou religieuses qui conduisent déjà la moitié d'entre eux, en temps normal, à écarter la viande. Cette mesure avait été complétée par un allongement de la pause méridienne et le recours à d'autres lieux de restauration comme les gymnases.
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L'opposition locale, relayée par des membres du gouvernement, avait cependant accusé l'exécutif écologiste de vouloir imposer une «idéologie» végétarienne.
Un calendrier encore incertain
«La morale de cette histoire est qu'il est bien possible de servir des produits carnés aux enfants. Il s'agit d'une question d'organisation et d'anticipation», a réagi le groupe d'opposition de droite et du centre au conseil municipal. Il avait proposé lui-même de servir de la viande aux enfants une fois par semaine pendant la durée du nouveau protocole sanitaire.
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Interrogé sur un retour à la normale, c'est-à-dire à la possibilité de choisir un menu carné tous les jours, Gautier Chapuis, élu délégué à l'Alimentation locale, a répondu qu'il ne pouvait pas s'engager sur un calendrier, faute de connaître les protocoles sanitaires à venir d'ici la fin de l'année scolaire ou à la rentrée de septembre.
Le gouvernement divisé sur la question
Cette polémique avait suscité la discorde au sein même du gouvernement, plusieurs ministres n'étant pas en phase sur la question. Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique avait notamment qualifié le supposé déséquilibre nutritionnel d'un repas sans viande de «débat préhistorique» objet de «clichés éculés» alors que Julien Denormandie, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, avait qualifié de choix «aberrant d'un point de vue nutritionnel» et de «honte d'un point de vue social» la décision de la mairie de Lyon.
Une controverse de laquelle n'était pas non plus sortie indemne la majorité LREM à l'Assemblée nationale, plusieurs parlementaires s'écharpant sur la question par médias interposés. L'agriculteur Jean-Baptiste Moreau, porte-parole de La République en marche (LREM), « exaspéré par les campagnes anti-viande », avait notamment dénoncé le manque de « pragmatisme » de Barbara Pompili.