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«Six cas actifs et trois fichés S» : quand les villes se penchent sur la radicalisation

2021-04-15T15:43:49.125Z


Une Cellule municipale d’échange sur la radicalisation, qui vise à détecter les «signaux faibles», se met en place à Beauvais, dans l’Oise. Comment identifier les phénomènes de radicalisation qui peuvent parfois passer sous les radars? Au lendemain des attentats de 2015, le cabinet Espace Risk Management se met en tête de développer, en lien avec l'Etat, le concept de « Cellule municipale d'échange sur la radicalisation », les CMER. Objectif : permettre à des agents municipaux de mieux appréhender « les signaux faibles ». Une associa


Comment identifier les phénomènes de radicalisation qui peuvent parfois passer sous les radars? Au lendemain des attentats de 2015, le cabinet Espace Risk Management se met en tête de développer, en lien avec l'Etat, le concept de « Cellule municipale d'échange sur la radicalisation », les CMER. Objectif : permettre à des agents municipaux de mieux appréhender « les signaux faibles ».

Une association en pleine dérive, un adolescent qui se comporte de plus en plus bizarrement, une femme harcelée à cause de sa tenue vestimentaire… Le dispositif est aujourd'hui proposé à 53 collectivités. En Ile-de-France, une cellule a vu le jour fin 2018, à Trappes (Yvelines), sans toutefois être très active. S'ajoute un projet à venir dans une commune de Seine-Saint-Denis.

«Nous sommes déterminés à prendre nos responsabilités»

Dans l'Oise, la 53e cellule du genre vient d'être mise en place à Beauvais. Une première pour le département et pour la Picardie. « Nous avons été sollicités par Louis Le Franc, l'ancien préfet et par Caroline Cayeux, maire de Beauvais », retrace Claude-Jean Calvet, le PDG d'Espace Risk Management. « Nous sommes déterminés à prendre nos responsabilités en termes de détection des phénomènes de radicalisation », confirme l'élue.

Pourquoi avoir retenu la ville de Beauvais ? Selon la préfecture, la première ville du département (55 000 habitants) est aujourd'hui, en termes de radicalisation, « dans une situation normale pour une ville de cette taille ». Dans le détail, une dizaine d'individus font actuellement l'objet d'un suivi approfondi.

«Le moindre signal devra être suivi»

« Ce n'est pas une situation alarmiste, c'est comme partout, insiste Corinne Orzechowski, préfète de l'Oise. Nous avons précisément six cas actifs et trois fichés S sur Beauvais. » Néanmoins, « le moindre signal devra être suivi, poursuit la représentante de l'Etat. Aujourd'hui, il suffit d'une personne. Il n'est plus nécessaire d'avoir une organisation structurée derrière. »

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Désormais, afin de détecter les « signaux faibles de radicalisation », un certain nombre d'agents municipaux seront mobilisés. « Il y aura sans doute un responsable dans chaque service, indique le futur référent municipal de la cellule oisienne. Je servirai d'interface et, grâce à ce dispositif, nous aurons un état des lieux précis en temps réel. »

« Il ne s'agira pas d'en faire des agents de renseignement, prévient Caroline Tharot, procureure de la République de Beauvais et troisième partenaire du dispositif. On devra leur donner les clés de lecture des situations auxquelles ils peuvent être confrontés dans leur travail au quotidien, en tant que témoin, voire comme victime. »

Une meilleure connaissance du phénomène permettra aux agents d’être plus réactifs. LP/J.B.  

Ensuite, « il m'appartient d'ouvrir une enquête pénale et une suspicion de radicalisation donne lieu à une évaluation, poursuit-elle. Avec un meilleur partage d'un faisceau d'indices, on peut, en les mettant bout à bout, établir une suspicion. »

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Pour cela, les agents suivront une formation. « Nous sensibiliserons l'équipe locale à la reconnaissance de ces signaux », précise Claude-Jean Calvet, sans en détailler leur nature. « Ce sont ceux qui sont en bas du spectre en matière de clignotant de radicalisation, indique-t-il. Ce qui touche au terrorisme, par exemple, est classé en signaux forts. »

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Une mission loin d'être évidente. « L'identification d'un signal faible peut être compliquée, révèle un spécialiste du renseignement. Il faut tenir compte de la personnalité de l'individu, savoir, par exemple, s'il a un passé pénal. Dans ce cas-là, un passage à l'acte peut être possible avec une faible conviction religieuse. »

A Trappes, une soixantaine de personnes sous surveillance

Autre écueil à éviter : une baisse de la mobilisation. À Trappes, la CMER « ne s'était réunie qu'une seule fois » entre 2018 et 2020, année de l'élection de l'actuel maire (Génération. s), Ali Rabeh. « L'efficacité de cette cellule dépend beaucoup des personnes », poursuit l'élu. Avec une cinquantaine de départs vers le djihad en Syrie recensée depuis 2010, sa ville est l'objet d'une attention particulière.

Selon nos informations, environ 60 trappistes feraient l'objet d'un suivi actif de la part des services de renseignement. Sur le rythme auquel le maire rencontre le préfet et la procureure de la République, Ali Rabeh reste flou : « Très régulièrement en fonction des besoins. » Avec toujours un objectif : « Prévenir une situation plutôt que de la laisser pourrir. »

Un dispositif similaire à Argenteuil, pionnière dans la lutte contre la radicalisation

Une philosophie partagée par la municipalité d'Argenteuil. Si la commune du Val-d'Oise ne possède pas de CMER, elle a mis en place son propre plan de lutte contre la radicalisation et les discriminations, qui repose également sur une formation dispensée aux agents municipaux.

Le point de départ de ce plan étant l'élection de Georges Mothron (LR), en 2014. « Le maire avait constaté un certain nombre de pratiques contraires au service public chez certains agents », indique la municipalité. Hommes qui refusent de saluer les femmes, agents qui demandent à faire leur prière sur le temps de travail…

«On a pu avoir des signalements très structurés»

Il s'agissait donc de remettre les points sur « i », mais pas seulement. L'objectif de la formation suivie entre décembre 2019 et mars 2020 par 1800 des 2500 fonctionnaires, était également d'éviter les discriminations. « Nous ne voulions pas que des agents soient considérés comme radicaux, alors qu'ils ne le sont pas », indique un représentant de la ville.

Tout en permettant de repérer efficacement les comportements à risque. « On a pu avoir des signalements très structurés, avec des gens qui savaient de quoi ils parlent », souligne Chems Akrouf, l'enseignant-chercheur qui a dispensé la formation.

Un complément au dispositif de surveillance

Le CIPDR, Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation. Un dispositif territorial de prévention de la radicalisation qui se découpe ensuite en deux parties, une « sociale » avec les Cellules de prévention de la radicalisation et d'accompagnement des familles (CPRAF) et une « sécuritaire » avec les Groupes d'évaluation départementaux (GED).

Les CPRAF : elles sont présidées par le préfet et le procureur et ont pour double objectif « d'accompagner les familles qui signalent un proche » et « la prise en charge, dans une perspective préventive pluridisciplinaire, des personnes signalées en voie de radicalisation. »

Les GED : ils sont aussi pilotés par les préfets et les procureurs et regroupent les services compétents du ministère de l'intérieur (DGSI, renseignement territorial, gendarmerie nationale, police judiciaire, renseignement pénitentiaire, PAF, douanes…). Ils ont pour mission « d’organiser le décloisonnement interservices de l'information au niveau du département », et de « s’assurer que chaque individu signalé pour radicalisation potentiellement violente fasse l'objet, en premier lieu, d'une évaluation et d’un suivi sécuritaire dans la durée si nécessaire. »

Source: leparis

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