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Variant brésilien: «Les Français ne peuvent pas accepter d'être enfermés chez eux, s'il n'y a pas de contrôles aux frontières»

2021-04-15T09:38:17.334Z


FIGAROVOX/ENTRETIEN - Si les vols en provenance du Brésil ont été suspendus en France, le Professeur Yves Buisson s'inquiète de la libre circulation des étrangers provenant des pays limitrophes.


Le Professeur Yves Buisson est épidémiologiste et membre de l'Académie nationale de médecine.

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FIGAROVOX. - Doit-on s'inquiéter de l'émergence du variant brésilien en France ?

Yves BUISSON. - L'épidémie de Covid-19 est actuellement hors de contrôle au Brésil. Plusieurs dizaines de nouveaux variants ont émergé dans le pays, plus transmissibles et plus agressifs. Le pays de Jair Bolsonaro compte plus de 66 000 décès enregistrés au cours du seul mois de mars… triste record.

En France, la présence du variant brésilien P1 est pour le moment minoritaire, quasi inexistante dans plusieurs régions et ne représente que 0,5 % des contaminations.

L'inquiétude se porte particulièrement sur la propagation du variant dominant du SARS-CoV-2, appartenant à la lignée P1, dans de nombreux pays hors du Brésil. Comme le variant sud-africain avec lequel il partage plusieurs mutations critiques, il touche davantage les jeunes, il est extrêmement contagieux et semble plus résistant à l'immunité post-vaccinale. En France, sa présence est pour le moment minoritaire, quasi inexistante dans plusieurs régions, ne représente que 0,5 % des contaminations.

Le Premier ministre a annoncé en début de semaine la fermeture des liaisons aériennes entre la métropole et le Brésil. Était-ce nécessaire, selon vous ?

Interrompre la circulation aérienne va dans le bon sens mais ce n'est pas suffisant. Il faut rappeler que le Brésil est limitrophe de dix pays dans lesquels les variants diffusent activement : le Paraguay, l'Uruguay, l'Argentine, le Suriname, le Venezuela, la Colombie, le Guyana, le Pérou, la Bolivie, et un département français d'outre-mer, la Guyane. Dans ce territoire, le variant P.1 représente 84 % des nouvelles contaminations, contre 76 % la semaine dernière. Or, nous n'avons pas stoppé les vols en provenance de ces territoires ! Il faut limiter autant que possible les échanges entre la France et les pays étrangers dans lesquels la situation épidémique explosive favorise l'émergence de variants, notamment l'Amérique latine et l'Inde.

Les Français ne peuvent pas accepter d'être enfermés chez eux, de porter des masques et de respecter les gestes barrières sans qu'il y ait des contrôles aux frontières.

Les Français ne peuvent pas accepter d'être enfermés chez eux, de porter des masques et de respecter les gestes barrières sans qu'il y ait des contrôles aux frontières. On ne peut pas se débarrasser d'une pandémie mondiale, en ne faisant peser les contraintes que sur la population résidente du pays sans se soucier des entrants. Tous les voyageurs provenant d'un pays étranger accueillis sur le territoire doivent être testés dès leur arrivée, placés en isolement obligatoire pendant sept jours (septaine), et retestés avant d'être autorisés à circuler librement. Personne ne critique les pays asiatiques qui appliquent ces mesures avec d'excellents résultats. Au nom de quel principe devrions-nous nous l'interdire alors que « nous sommes en guerre » ?

Après le vaccin AstraZeneca, c'est au tour du vaccin Johnson&Jonhson d'être suspendu. Ce retrait met à mal la stratégie vaccinale européenne et française. Va-t-on un jour voir le bout du tunnel ?

Les vaccins AstraZeneca et Johnson&Johnson sont des vaccins qui utilisent la même technologie du vecteur viral non replicatif : on emploie un adénovirus non pathogène pour l'homme dans lequel on a introduit l'information génétique permettant de développer une réponse immunitaire dirigée contre le SARS-CoV-2. Depuis qu'ils sont utilisés à très grande échelle (plusieurs dizaines de millions de doses injectées), des événements indésirables graves, parfois mortels, mais rarissimes ont été décrits dans les 5 à 10 jours suivant la vaccination. Ce sont des thromboses veineuses profondes accompagnées d'une forte diminution du taux des plaquettes sanguines. Ils s'observent chez des personnes jeunes, âgées de moins de 50 ans, en majorité des femmes. Les facteurs déterminant ces accidents sont en cours d'étude afin d'en assurer la prévention. Le signalement de ces événements témoigne de l'efficacité et de la transparence des systèmes de pharmacovigilance déployés depuis le début de la campagne de vaccination. Il faut rappeler toutefois que ces informations alarmistes ne concernent qu'un nombre de cas extrêmement faible (de l'ordre de 1 pour 1 million). Elles ne doivent pas occulter la grande efficacité de ces vaccins et entraîner une illégitime réaction de rejet suivie d'un intolérable gaspillage de doses, alors que la lenteur des approvisionnements retarde l'instauration de la couverture vaccinale nécessaire pour retrouver « la vie d'avant ».

Source: lefigaro

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