En milieu de matinée, de jeunes garçons s’approchent de l’immeuble. L’un s’assoit sur une chaise pliante située à proximité et scrute les environs. Les autres se font ouvrir la porte du hall pour s’y installer et établir leur point de vente. Le manège est bien rodé et dure depuis des années. Les consommateurs sont orientés vers la cage d’escalier et patientent seulement quelques minutes avant de repartir avec cannabis, cocaïne ou héroïne. Dans les communs du bâtiment, les détritus et les flaques d’urine jonchent le sol. Un quotidien intenable pour les occupants de la résidence Le Molière à Besançon (Doubs). Au mois de janvier, certains ont décidé d’organiser une journée sans dealer. Depuis, ils se relaient quotidiennement pour tenter de faire front et de repousser les trafiquants.
« Au départ, je pensais que si on restait et tenait en place quelques jours, ils partiraient. Naïvement, j’imaginais qu’ils iraient ailleurs, trouveraient un autre lieu. Mais cela dure depuis bientôt deux mois. Visiblement, ils sont trop intéressés par notre immeuble, déplore Claudine (le prénom a été modifié), l’une des copropriétaires à l’origine de cette mobilisation. Ils ont sûrement des complices qui ouvrent la porte d’entrée et chez qui ils se réfugient, en cas de contrôles inopinés. Ici, la police est visible de loin. Les trafiquants ont les moyens de surveiller les allées et venues, l’emplacement leur convient parfaitement. Dès que nous quittons les lieux, ils reviennent s’installer. »
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