Elle avoue avoir eu du mal à trouver le sommeil la semaine précédant les prises de vues. « C’était la première fois que je faisais des photos en studio. Il y avait plein de nouveautés comme l’utilisation des flashs. Par rapport à l’investissement de la dizaine de personnes qui m’a aidée, je ne pouvais pas me louper. » Charlotte Bernard, jeune photographe troyenne de 29 ans, a renoué avec des nuits plus sereines. Sa série de photos sur les années 70 – « J’en ai gardé 150 mais j’en ai pris je ne sais plus combien ! » - a reçu des éloges dès qu’elle a commencé à les diffuser sur les réseaux sociaux. Son souci du détail a fait mouche.
La photographe troyenne Charlotte Bernard. LP/Stéphane Magnoux
Il y a un an et demi, la jeune femme a eu l’idée de recréer l’ambiance des années 70. « C’est un univers qui me fascine mais c’est loin d’être le seul. J’aime le style coloré de l’époque. J’ai commencé à travailler sur le projet et j’ai rapidement imaginé les scènes que je voulais. » Le salon de coiffure, la cuisine et le salon, entièrement reconstitués il y a quelques semaines, ont patienté un an dans sa tête. « Tout s’est accéléré il y a 6 mois grâce à un couple d’amis. Ils ont lancé l’Atelier Aubépine qui loue et créé des décors. J’avais commencé à regarder sur Internet pour acheter des éléments mais c’était hors de prix. »
Une scène de salon de coiffure. CB photographie
Au culot, Charlotte Bernard a franchi le seuil d’une boutique spécialisée dans la brocante dans l’agglomération troyenne. « J’ai proposé au gérant de me prêter du matériel. En échange, je lui rendais l’ensemble complètement nettoyé et il pouvait utiliser les photos pour faire sa pub. » Le deal a été conclu. « Cela nous a demandés trois mois pour tout préparer. Les parents d’une amie m’ont prêté un local pour construire les décors. J’y ai passé énormément de temps en dehors de mes heures de travail. C’était un projet personnel et je n’ai pas touché un centime. »
Aucun anachronisme toléré
Courant octobre, la petite troupe, dont une coiffeuse et une maquilleuse professionnelles, s’est réuni un dimanche pour passer à l’action. Charlotte Bernard a réussi à tout mettre en boîte en une seule journée. Un exploit de l’aveu d’un des trois mannequins ayant posé devant son objectif. « Elle m’a dit que ce genre de projets se fait plutôt en 3 ou 4 jours d’ordinaire. J’étais tellement stressée le jour des prises de vues… Le moindre anachronisme aurait tout gâché. » Méticuleux, aucun des modèles n’a heureusement laissé traîner son téléphone portable dans sa poche.
Une scène de salon. CB photographie
Photographe indépendante depuis trois ans, Charlotte Bernard était loin d’imaginer se retrouver derrière l’objectif quand elle s’est lancée dans ses études supérieures. « Plus jeune, j’étais fascinée par les arts de la scène comme la musique, le chant et la danse. Par exemple, j’ai fait douze ans de flûte traversière. » Son entourage l’incite pourtant à faire des études « classiques ». Ce sera le droit, au point d’obtenir, entre autres diplômes, un master en criminologie.
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À la fin de son cursus, sentant qu’elle faisait fausse route, la jeune femme effectue un tour du monde avec son petit ami de l’époque. Elle en ramènera des milliers de clichés et vidéos. Sa vocation était trouvée. Passé quelques jobs où elle ne s’épanouissait pas, elle finit par se lancer et suit diverses formations. « Ce que j’aime par-dessus tout, c’est la création. J’adore mettre en valeur les gens et les objets. »
Chaque détail a son importance dans sa série sur les années 70. Après cette expérience concluante, la jeune femme souhaite s’attaquer à d’autres époques. « À terme, j’aimerais pouvoir proposer une exposition suivant une chronologie. » Une première présentation de ses travaux est prévue dans le salon de coiffure qui s’est joint à l’aventure.
Site Internet www.cbphotographie.fr