Entre les bachelors des écoles de commerce privées, les prépas intégrées des écoles d’ingénieurs et les doubles licences des universités, qui tous captent de plus en plus de bacheliers, la concurrence est rude pour les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). S’ajoute la réforme du bac qui a contribué à flouter les correspondances entre CPGE et spécialités du bac : résultat, à la rentrée 2022, les effectifs des classes prépas étaient en baisse de 2,6%, en chute continue depuis 2018. Pire, certains rectorats, dont celui de Paris, envisagent des fermetures de classes dès la rentrée 2024.
Pourtant, le modèle a fait ses preuves : gratuites pour 80% d’entre elles, plutôt bien réparties sur le territoire - à condition de viser les villes grandes et moyennes - les 974 classes prépas permettent en 2 ans d’aborder des concours d’entrée dans des grandes écoles dont le taux d’insertion est très élevé.
De plus, il y a des classes préparatoires aux grandes écoles pour presque tous les profils de bacheliers prêts à travailler : les prépas littéraires et scientifiques pour les bacheliers généraux, mais aussi, moins connues, les prépas dédiées aux bacheliers technologiques, comme TSI (technologies et sciences industrielles) ou TPC (technologie, physique et chimie) après un bac STI2D, ou bien encore ECT (économique et commerciale option technologie), après un bac STMG. Quelques-unes de ces prépas accueillent également des bacheliers professionnels des spécialités industrielles ou tertiaires en 3 ans.
À lire aussiParcoursup 2024 : les 7 nouveautés apportées pour les candidats
Surtout, les grandes écoles, même si elles ont grandement diversifié leur mode de recrutement depuis une quinzaine d’années, continuent d’apprécier les étudiants passés par la prépa, comme le souligne Alice Guilhon, présidente de la Conférence des directeurs des écoles françaises de management (CDEFM), également à la tête de SKEMA business school : « La voie royale vers les postes de dirigeants dans les grandes entreprises, en France comme à l’internationale, reste la classe prépa, suivie d’une grande école ».
Une place assurée en grande école
Mieux, sous réserve de travailler régulièrement pendant les deux années de classe préparatoire, quasi tous les étudiants sont assurés de décrocher une place dans une école - peut-être pas celle du top 5 ou du top 10, mais dans une grande école assurément.
Enfin une double inscription en licence dès la rentrée en classe prépa permet de se réorienter en L2 ou L3 après une ou deux années, pour celles et ceux qui le souhaitent. Dit autrement, choisir la classe prépa, c’est s’offrir une assurance tous risques, tout en se donnant deux ans de plus pour réfléchir à son orientation.
« La classe prépa était le choix logique »
Florian, en 1ère année de classe prépa littéraire
Une logique qu’a bien saisie Florian, 18 ans, en 1ere année de classe prépa littéraire au lycée Claude Monet du Havre (Seine-Maritime). S’il a grandi à la campagne, dans l’Orne, avec un père chauffeur routier et une mère infirmière, la classe prépa était pourtant une évidence pour lui : « Je souhaite faire de grandes études, intégrer l’ENS, donc la classe prépa était le choix logique. »
Une bonne connaissance des élèves
Même s’il ne nie pas la charge de travail, le jeune homme se sent bien à Claude Monet : « Certes, je me suis pris une claque au premier devoir surveillé de philo, j’ai eu 2 sur 20 alors que j’avais 17 de moyenne au lycée ! Faut pas se mentir, ça peut être difficile. Mais j’ai eu 4 au 2e devoir, puis 9 au 3e, ça progresse ! Surtout, c’est nouveau pour moi, je prends plaisir à étudier, à préparer mes cours. Il y a une très bonne ambiance avec les autres étudiants, on se soutient, et les professeurs sont là pour nous. »
À lire aussiParcoursup c’est quoi ? Le mode d’emploi complet de la procédure
Carole Bully, professeure agrégée de lettres modernes enseignant au sein de la prépa du lycée Louis Thuillier d’Amiens (Somme), confirme : « Je vais utiliser un mot souvent critiqué mais qui a un sens pour nous, professeurs de classes prépas : la bienveillance. Nous avons peu d’élèves dans certaines classes, cela nous permet de bien les connaître, on sent quand ils ne vont pas bien et nous sommes là pour les aider et les encourager si nécessaire. »
D’ailleurs, si les classes prépas les plus élitistes, notamment parisiennes, continuent de sélectionner les meilleurs des lycéens à l’échelle nationale, les plus petites prépas, dites « de proximité » sont tout à fait ouvertes aux profils d’élèves avec 12 ou 13 de moyenne, mais qui en ont encore sous le pied et sont motivés pour apprendre une méthode de travail qui leur servira toute leur vie. De quoi susciter des vocations ?
Retrouvez les articles de notre supplément :
« Parcoursup est maintenant très clairement installé dans le paysage et nous y avons travaillé en lui donnant de la stabilité »
Comment décrocher (au moins) une place ?
Bien s’orienter grâce aux nombreuses ressources gratuites
L’apprentissage, un bon plan... exigeant
Excellence à la fac : « Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour je serai étudiante à Polytechnique, c’est grâce à la CPES que je suis arrivée là »
Lettre de motivation Parcoursup : « C’est une erreur de croire qu’elle ne joue pas dans la candidature »
Parcoursup : nos conseils pour bien se servir du site (et décrypter les infos disponibles)
Concours commun d’écoles : les avantages d’un tir groupé
BUT ou bachelor ? Budget, mode d’enseignement... comment choisir votre future formation Bac+3
Comment s’y retrouver dans les formations qui ne figurent pas sur Parcoursup ?