Quelques centaines de militants des droits des transgenres ont manifesté mardi 30 mai à Oxford contre l'intervention d'une intellectuelle féministe qu'ils accusent de transphobie, au cœur de vifs débats récemment au Royaume-Uni.
Professeure de philosophie, Kathleen Stock estime que l'identité de genre ne peut pas l'emporter sur le sexe biologique. Elle a démissionné à l'automne 2021 de son poste à l'université du Sussex après ce qu'elle a qualifié de campagne de «harcèlement» en raison de son «point de vue universitaire». Elle conteste les accusations de transphobie.
Nous nous élevons contre la haine et l'intolérance.
Amiad Haran Diman, président de l'Oxford University LGBTQ+ Society
Elle était invitée mardi de l'Oxford Union, un cercle de débat vieux de deux siècles, qui a accueilli de nombreux intellectuels, artistes et responsables politiques, plusieurs anciens présidents américains, le dalaï lama, ou encore Albert Einstein ou Stephen Hawking. «Nous nous élevons contre la haine et l'intolérance et la décision de l'Oxford Union de les amplifier et de les amener» dans la ville universitaire, a déclaré à l'AFP Amiad Haran Diman, qui préside l'Oxford University LGBTQ+ Society.
Amiad Haran Diman se défend de mettre en cause la liberté d'expression, soulignant que Kathleen Stock est «partout dans les médias» et sur les réseaux sociaux. «On ne manifeste pas contre son droit de s'exprimer», a ajouté Zoe-Rose Guy, vice-présidente de l'association, «elle a le droit de dire ce qu'elle veut, mais on a le droit de manifester». Environ 200 à 300 personnes ont défilé jusqu'au lieu de la conférence, entonnant des slogans comme «Trans Power» ou des pancartes «Notre existence n'est pas sujette à débat», ou «Trans lives matter» (Les vies des trans comptent).
Une société libre nécessite un débat libre.
Rishi Sunak, premier ministre britannique
Dans la file d'attente pour assister au débat, Ian, un étudiant en théologie de 69 ans qui n'a pas souhaité donner son patronyme, a jugé «absurde» l'idée que Kathleen puisse être empêchée de s'exprimer, soulignant que l'Oxford Union défend la liberté d'expression depuis deux siècles, «ils ne vont pas s'arrêter». L'affaire a pris une ampleur telle que le premier ministre Rishi Sunak est intervenu dans le débat. «Une société libre nécessite un débat libre. Nous devrions tous être encouragés à s'engager respectueusement avec les idées des autres», a-t-il déclaré au journal conservateur The Daily Telegraph.
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On ne doit pas permettre à quelques-uns, qui se font entendre, d'empêcher la discussion», a-t-il ajouté. «Que l'on soit d'accord ou non avec elle, le professeur Stock est une figure importante dans ce débat. Les étudiants doivent pouvoir l'entendre et débattre avec elle.» Les droits et le statut des transgenres font l'objet de vifs débats ces dernières années au Royaume-Uni, des intellectuels et auteurs tels J. K. Rowling se trouvant accusés de transphobie et se disant victime de la «culture de l'effacement».
