La journée se termine, Tom (le prénom a été changé) et sa sœur rentrent chez eux après une nouvelle journée au centre aéré d’Épinal (Vosges). Pour Tom, c’est le premier séjour au centre municipal et le début de semaine s’est déroulé sans incident. Mais il semble y avoir eu un couac ce jeudi de janvier. Lorsqu’il saute du bus pour retrouver sa mère, le petit garçon de 4 ans éclate en sanglots dans ses bras. Derrière elle, une animatrice sourit. « Il supporte mal », plaisante-t-elle alors, sans plus d’explications. Que s’est-il passé pour que ce petit Vosgien soit dans un tel état ? C’est sa grande sœur, âgée de 5 ans, qui explique : Tom a été attaché durant le déjeuner par une encadrante du centre. Les parents de Tom ont déposé plainte et une enquête a été ouverte par le parquet d’Épinal.
Le 4 janvier dernier, Tom et sa sœur arrivent au bout de leur seconde semaine de vacances de Noël passée au centre aéré de la 40-Semaine à Épinal, leur ville. Au moment de déjeuner, un membre du personnel demande au petit garçon de se calmer, elle menace Tom de l’attacher. Puis le fait.
« Il pleurait, il pleurait »
Le petit est assis sur une chaise à laquelle il est maintenu avec du scotch. Sous les yeux de sa sœur, des autres enfants et probablement d’autres membres du personnel du centre aéré. Tom est en larmes et semble traumatisé. « Il pleurait, il pleurait », répète sa sœur à ses parents. « Elle était perturbée, elle n’a pas compris », devine Steven, 32 ans, le père des enfants. Selon des témoignages qu’il aurait recueillis auprès de parents, d’autres enfants, témoins des faits, auraient raconté la scène en rentrant chez eux ce soir-là.
Physiquement, Tom ne présente pas de trace de ses entraves. « Il avait son pull, remarque son père, employé commercial. Si ça avait été en été, il y aurait sûrement eu des marques. » Le petit élève de moyenne section a cependant été marqué par ce qu’il a subi. Celui qui travaille régulièrement son élocution avec un orthophoniste articule tout juste : « Le scotch, j’ai peur. » Tom, un petit garçon « pas hyperactif, pas plus turbulent que ça », selon son père, ne remet pas les pieds au centre aéré et refuse même dans un premier temps de retourner à l’école à la rentrée.
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Avertis rapidement, les parents tentent d’avoir des réponses auprès de la direction du centre aéré. En vain. C’est finalement la municipalité qui intervient et s’excuse auprès de la famille. Une enquête administrative est ouverte. L’employée soupçonnée d’avoir ligoté Tom avec du ruban adhésif, elle, aurait été changée de service. Contactée par nos soins, la mairie d’Épinal n’a pas souhaité communiquer, se rangeant derrière l’ « enquête en cours ».
« Combien de temps il a été scotché »
De son côté, Steven n’est pas satisfait de son rendez-vous en mairie. « On ne sait toujours pas comment c’est arrivé, combien de temps il a été scotché, combien de tours ont été faits. » Surtout : « On ne demande si c’était la première fois que ça arrivait… »
C’est en ce sens qu’une plainte a été déposée mardi par la famille du petit Tom pour « violences sur mineurs de moins de 15 ans par personne ayant autorité ». « Les faits sont surprenants et l’enfant a été très marqué. Ce ne sont pas des méthodes d’éducation, regrette Me Gérard Welzer, qui représente la famille du petit garçon. Il appartient au procureur de réserver la suite judiciaire que ce dossier mérite ». Tom et sa sœur ont été entendus mercredi par la police.
« Personne n’a réagi pour aider mon fils »
L’enquête devra notamment déterminer si ces violences étaient « habituelles » dans ce centre aéré et s’il y a d’autres victimes. Il s’agira aussi de comprendre comment l’animatrice soupçonnée a pu agir sans intervention des autres encadrants. « Pourquoi l’équipe n’est pas intervenue ? questionne encore Steven. Il y avait d’autres adultes, personne n’a réagi pour aider mon fils. »
La question taraudait aussi Philippe Guibert, directeur général adjoint à la mairie d’Épinal, qui répondait à franceinfo la semaine dernière. « Qui était là ? Qui n’est pas intervenu en disant à cette animatrice Tu es en train de craquer, tu es en train de faire n’importe quoi ? » Selon cet employé de mairie, l’animatrice en cause, qui travaille depuis une dizaine d’années avec la municipalité, a reconnu les faits et se trouvait « effondrée et en pleurs » : « Elle ne comprend pas elle-même pourquoi elle a fait ça. »